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Noël Fidel MARGAIN 

et sa "petite chapelle"

(1747 - 1816)

 

Anthony, jeune trentenaire, avait le projet de refaire un bout de mur au fond de sa propriété lorsqu’il a trouvé au sol une épaisse plaque d’ardoise. Or, peu de temps avant Lucien, membre actif de l’association Vue sur le marais, lui avait parlé de l’histoire du site qui avait appartenu, il y a deux siècles à un dénommé Margain. Des recherches aux archives départementales avaient confirmé l’emplacement de la sépulture sur son propre jardin d’un fervent révolutionnaire. Ce dernier y avait même édifié une petite « chapelle » anticléricale à l’image de ses convictions profondes.

Coll. P. Rabevolo

De plus, Pierre Fréor père, avait rencontré en 1957, une habitante de Vue, Clotilde Humeau, née Chaublet, qui relatait par écrit les mêmes événements dont voici le résumé : « Noël Fidel Margain est né le vingt et un mai mil sept cent quarante-sept, fils de Jan Margain et de Julienne Landais. À la révolution, il faisait des discours révolutionnaires et impies perchés sur une barrique à la manière d’un prédicateur, sur la place où était planté un arbre de la liberté. Ceux qui n’allaient pas l’écouter étaient dénoncés comme réfractaires aux idées républicaines et emprisonnés en place forte Paimboeuf, au Bouffay à Nantes ou bien encore au Château d’Aux de Saint Jean de Bouguenais. Pour l’anecdote, ce Margain avait sur sa table, une tête de mort, et se frappant la tête du doigt, il disait « Souviens-toi, tête, que tu deviendras comme cette tête-là ! » Conseil qu’il se donnait à lui-même pour ne pas oublier de jouir de la vie. Pourtant il est dit qu’il était charitable et donnait du bon vin vieux aux malades et rendait quelques services. Il habitait « la ville », partie de la commune de Vue située après le pont du Tenu direction Paimboeuf, la partie en amont étant « le bourg », sa maison existe encore. Il meurt en l’an mil huit cent seize, le neuf avril à Vue, à deux heures du soir en sa demeure âgé de soixante-neuf ans. Il fut mis avec lui dans sa bière, un poulet rôti, une salade et une bouteille de vin vieux. On l’inhuma dans un petit bâtiment construit au fond de son jardin, et que l’on appelle "la chapelle à Margain". Il y fut porté au chant de « Malborough s’en va t’en guerre » escorté de gamins du pays qui s’amusaient de cette mascarade. Le curé Donon, réprima ses choristes d’avoir suivi cet odieux cortège. Bien plus tard, un médecin qui habitait cette maison vers 1880, exhuma son squelette et la chapelle fut détruite pendant l’occupation allemande par les propriétaires du moment. Puis le temps a passé…

 

Coll. L. GANTIER

Or courant 2016, exactement deux siècles après son inhumation, le nouveau propriétaire a retrouvé la plaque d’ardoise et en la retournant, il a pu lire cette épitaphe : N. F. Margain Célibataire né à Frossay le 17 mai 1749 et décédé à Vue le 9 avril 1816.

Après vérification, c’est bien notre individu sauf qu’il y a une erreur de deux ans sur la date de naissance, mais c’est bien notre homme.

Comme quoi, des vestiges de l’histoire resurgissent du passé de manière parfois inattendue. Ce qui prouve qu’il faut faire attention à ce qui se trouve dans les greniers, les caves et sous nos pieds…

L’info en plus : Un « margain » désigne par chez nous une anguille : serait-ce l’origine de ce surnom car notre homme a réussi à se faufiler entre période révolutionnaire, où il siégeait au tribunal de Paimboeuf, dénonçant à tour de bras les insurgés, puis malgré ses méfaits il a retrouvé sa place dans la communauté de Vue sans être inquiété plus que cela.

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