La chapelle de la Blanchardais se trouve 8 route de Chauvé. Suite à nos recherches, nous nous sommes aperçus, qu’il y avait eu plusieurs chapelles au cours des siècles.
1ère CHAPELLE
Les deux premières étaient accolées au château de la Blanchardais comme on peut s’en apercevoir sur le cadastre de 1836.
En 1781, une deuxième chapelle à la Blanchardais a dû être reconstruite car on retrouve un extrait de la bénédiction de cette nouvelle chapelle sur le registre paroissiale des baptêmes, mariages et décès.
SECONDE CHAPELLE
En 1805, Felix COSSIN DE CHOURSES (1762-1816), négociant-armateur nantais, député au conseil des Cinq-cents et conseiller municipal de Nantes achète le domaine à Charles DANGUY. Lui, son fils et 5 ou 6 membres de sa famille furent inhumés dans cette chapelle. Ci-dessous les extraits de leurs testaments
ACTUELLE CHAPELLE
Le 21 septembre 1815, Félix COSSIN DE CHOURSES demande à être inhumé dans sa chapelle.
Extrait du testament: "Je veux que mon corps soit inhumé dans ma chapelle de la Blanchardais sans aucun appareil ni cérémonial, désirant que la présence de mes restes. Rappelle à mes enfants, qu’une amitié semblable que j’ai pour eux puisse constamment exister entre-eux"
Le 20 avril 1852, Felix COSSIN DE CHOURSES fils (1798-1854), propriétaire, Député-Maire de Carquefou hérite du domaine après le décès de son père et demande, lui aussi, à être inhumé près de ses aïeux.
Extrait du testament : "Je veux reposer à ma terre de la Blanchardais près de ceux que j’ai perdus, ma femme et mes enfants seront placés à côté de moi. Un seul prêtre, le curé de Vue m’accompagnera à la dernière demeure. On lui remettra trois cents francs pour célébrer un service pour le repos de mon âme et pour mes funérailles. Aucune autre dépense ne sera faite. Telle est ma volonté formelle ; mais une somme de mille francs sera distribuée chaque année pendant dix ans aux pauvres de la commune de Vue, pour les soins de mes enfants"
En 1861, Laure PISTON, veuve COSSIN DE CHOURSES souhaitait reconstruire une chapelle près du château. Mais sur le conseil du curé de Vue, René GUIHÉNEUF, l'emplacement fut changé afin de prévoir un éventuel don postérieur à la paroisse, plus facile du fait du détachement du château.
Retranscription lettre de l’Abbé GUIHÉNEUF pour demander l’autorisation de bénédiction de la chapelle :
"Monseigneur,
Il a été construit dans le cours de cette année une chapelle destinée aux sépultures de la famille de MMECOSSIN DE CHOURSES. Cette chapelle est sur sa propriété sur le bord de la route de VUE à CHAUVÉà peu de distance de notre bourg. Il existait une autre chapelle où reposent déjà les corps de7 ou 8 membres de cette famille. La Dame ayant manifesté l’intention de la faire reconstruire je l’engageai à changer l’emplacement et de la placer de manière à ce que la propriété se vendant quelque jour, il fut facile dans extraire la chapelle en la donnant à la paroisse. Elle a goûté cette idée et je crois qu’elle a intention de faire quelque chose en ce sens. C’est là toute l’influence que j’ai eue dans la reconstruction de ce monument.
Il y a deux jours, je vis cette dame, qu’est ici, dans ce moment, sa demeure habituelle était MAUBREUIL de CARQUEFOU, elle dit qu’elle avait desseinque votre chapelle fut bénite sous un mois. Mr CHENANTAIS, son architecte lui ayant dit qu’il se proposait de faire effectuer sous sa direction la translation des corps pendant qu’il serait sur les lieux pour établir plusieurs monuments funèbres dans la dite chapelle sur ce que je lui observai que la bénédiction était au-dessus de mes pouvoirs et qu’il fallait une autorisation épiscopale. Elle me dit « Oh ! Je me propose de voir Monseigneur » Jene sais qu’elle sera sa résolution pour cet article mais je lui dis que pour ce qui était de demander les instructions et autorisations je me proposais d’écrire moi-même, et c’est Monseigneur ce qui ait l’objet de cette lettre. Cette chapelle est un petit monument, il doit coûter près de 30 000 francs, il s’y trouve un enfeu et le tout me parait très convenable.
J’avais écrit à Monseigneur il y a déjà un peu de temps sur la question de reconstruire le presbytère, je n’ai rien, aucun avis de sa grandeur, au reste quel que soit sa résolution je me sens très disposé y obéir ponctuellement.
Veuillez agréer, Monseigneur la nouvelle protestation de vénération avec laquelle je suis.
De Notre Grandeur.
Le très humble et très obéissant serviteur
Vue le 26 septembre 1861"
Extrait du registre de paroisse : "Le dimanche 20e jour du mois de juillet à l’issue des vêpres nous nous sommes rendus processionnellement à la nouvelle chapelle construite l’an passé et cette année dans l’enclos de la Blanchardais sur le bord de la route de Chauvé près de la Tournerie et là muni de l’autorité de Monseigneur l’Evêque nous avons fait la bénédiction de la dite chapelle sous l’invocation de Ste Anne selon le vœu de Madame Veuve COSSIN DE CHOURSES et de ses filles décédées et dont les corps reposent à présent dans l’enfeu de la dite chapelle. Nous nous sommes conformés pour cette bénédiction à ce qui est marqué au processionnel. Nous avons béni l’enfeu selon la prescription de Mgr avec l’oraison du Rituel pour le tombeau " GUIHENEUF
DESCRIPTION
La chapelle qui coûta près de 30 000 francs faisait partie du domaine de la Blanchardais et une grande allée la reliait au château
Mme COSSIN DE CHOURSES fit appel à l’architecte M Joseph-Fleury CHENANTAIS (1809-1868).
Allée reliant le château à la Chapelle
Joseph-Fleury CHENANTAIS est un des grands architectes nantais. Elève de François-Leonard SEHEULT, il réalisera quelques-uns des équipements civils et religieux majeurs de la ville ; l’ensemble architectural de l’ancien palais de justice, de la prison et de la gendarmerie aujourd’hui en partie réhabilite, l’église Notre-Dame du Bon-Port, la manufacture des tabacs ainsi que certains édifices aujourd’hui disparus comme la gare de Nantes, le cercle des beaux-arts, le théâtre de la renaissance. Il réalisera aussi un grand nombre de maisons, hôtels, églises, mairies et châteaux, y compris en dehors de Nantes.
Construite avec la pierre des carrières de l’Ilette d’où l’on extrayait le matériau qui servit à bien des constructions, c’est une pierre solide.
Carrière de l'Ilette
L’architecte effectua la translation des corps de l’ancienne chapelle à la nouvelle pendant qu’il était sur les lieux pour établir plusieurs monuments funèbres.
D’anciens habitants de Vue se rappellent d’être descendus dans l’enfeu : "Il y avait des statues en marbre, très grandes, tous gisants, sauf une petite fille qui, elle était à genoux. Sa mère lui avait raconté que la petite fille était née pendant l’absence de son père, qui était corsaire. La position à genoux la punissait en quelque sorte d’être née batarde". Une autre se souvient pour sa part de la statue d’un chien au poil frisé, hurlant à la mort sur la tombe de son maître.
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Enfeus à droite en bas de l'escaliers
Entrée et escalier de la crypte
Enfeus à gauche en bas de l'escaliers
DEBUT DU XXEME SIÉCLE
Voici le nom des personnes inhumées dans cette crypte. Pour deux des emplacements, nous avons pu lire le nom de la personne qui y était inhumée, par contre les autres n'étaient pas lisibles.
Clémentine COSSIN DE CHOURSES ( 1833-1859) Julie COSSIN DE CHOURSES (1799-1820) - Felix COSSIN DE CHOURSES (1762-1816)
- Felix COSSIN DE CHOURSES (1798-1854) - Angélique PISTON (1806- 1883) - Anne BREE DE LA TOUCHE (1780-1827)
- Clément BAILLARDEL DE LAREINTY (1824-1901) - Laure COSSIN DE CHOURSES (1831-1914)
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Le 27 novembre 1883, à la mort de Angélique Laure COSSIN, l'héritière unique en fut Laure-Félicie qui avait épousé en 1855 le baron Louis-Albert de DION DE WANDONNE (1824-1901). Ils furent les parents du célèbre industriel de l'automobile, le marquis Jules-Albert de Dion (1856-1946), Député-Maire de Carquefou.
En 1914, ce dernier hérita de la Blanchardais à la mort de sa mère, qui fut elle aussi inhumée dans cette chapelle après une cérémonie d'obsèques célébrée à Carquefou par l'évêque de Nantes.
Mais, très vite, pour financer l'investissement dans son entreprise, le marquis DE DION vendit la Blanchardais par petits morceaux à plusieurs habitants de Vue. En mars 1918, il vend le château à M et Mme DUPONT.
En juin 1918, la chapelle fut vendue, à François CHAUBLET, viticulteur à Vue.(répertoire notarial de Me SIMON)
En 1921, les habitants du village s’étaient, parait-il, émus de savoir que les corps des ancêtres du marquis reposaient dans la crypte sans qu’il s’en préoccupât lors de la vente. Les tombes furent transférées par décision municipale au cimetière de Vue dans un monument funéraire élevé par le marquis.
On peut encore le voir de nos jours. Les épitaphes sont pratiquement effacées, seules est lisible l’inscription
"Ici repose Félix COSSIN DE CHOURSES, né le 12 janvier 1798, décédé le 2 mai 1854. Priez dieux pour le repos de son âme".
Aujourd’hui, il n’existe aucune trace des statues qui pourtant furent, elles aussi transférées. L’explication veut qu’elles ne fussent pas en marbre mais seulement en plâtre et que celui-ci, au contact de la pluie et des intempéries se soit dégradé, détruisant les fameux gisants de la crypte. Le monument fut reconstruit en pierre, à l'identique avant 1939.
1923
1946
M CHAUBLET François la garda peu de temps, et en fit don au curé Pierre GUIHENEUF de la paroisse.
La paroisse la revendit à la Coopérative Agricole Loire Océan (CALO) afin de financer la transformation de la salle de théâtre de l’époque en école libre (école St Philbert, actuelle bibliothèque).
Construction de la salle de théatre avec l'abbé GUIHENEUF en 1926
1949
La Calo l'utilisera pour stocker des céréales... La chapelle sera ensuite utilisée par la Cana, autre coopérative agricole qui ajoutera un appentis servant de dépôt pour du commerce d'engrais notamment.
Un événement artistique se déroula à la chapelle. Julien DUVIVIER vint y tourner une scène du film "AU ROYAUME DES CIEUX". Plusieurs habitants de la commune ont été figurants. Ils avaient reçu 500 F pour la matinée de présence. La scène se déroulait à l’extérieur de la chapelle. Serge Reggiani, le héros, regardait dans un cortège de collégiennes en uniforme, sa bien-aimée. Le cortège faisait le tour de l’église avant d’y entrer et les villageois attendaient devant la grande porte. D’autres scènes furent tournées à Cheix et sur l’Acheneau dans des barques.
1987
Le conseil municipal, présidé par Maurice Ferré, suppléant du maire malade, vote l'acquisition de la chapelle utilisée par les services techniques communaux jusqu'à la création du centre technique municipal en 2012.
Photo tirée de la scène tournée à l’extérieur de la chapelle
FIN 2013
La municipalité décide et entreprend la réfection de la toiture et la mise hors d'eau de l'édifice.
Début 2015, l'équipe des Ch'mins Creux investit les lieux et entame des travaux de restauration. Ces bénévoles ont nettoyé, piqué, puis enduit les murs de pierre et de tuffeau dans l'esprit et le respect de la construction.
Depuis sa création aucune transformation n’a été apportée. A part l’ajout par la CANA d’un hangar sur le flanc gauche pour entreposer ses marchandises, l’aménagement en ciment de l’entrée, et la pose de briques à la place des vitraux.